Le cliffhanger de la saison 2 qui nous amène visiblement en Antarctique a interpelé pas mal de monde. Les poles nord et sud ont toujours nourri l’imaginaire humain, et notamment la possibilité de "mondes cachés" aux extrémités du Globe.
J’ai trouvé par hasard, cette carte du géopraphe Gerardus Mercator, datant de 1569. Voici comment il imaginait le Pôle Nord : une île magnétique et montagneuse, entourée d’une mer reliée aux océans par quatre grands chenaux.

Il ne s’agirait pas d’une mer mais d’un tourbillon géant, d’où l’impossibilité d’en échapper. L’imagination de Mercator (un scientique très sérieux toutefois qui a théorisé le principe des pôles magnétiques) a été nourrie par toute une riche mythologie sur les pôles, notamment un vieux manuscrit anglais du XIVe siècle, Inventio Fortunata. Un livre perdu (« lost work »). Mercator l’aurait mentionné dans ses écrits, et décrivait de la manière suivante la fameuse île : « Juste sous le pole, il y a un rocher nu au milieu de la mer. Sa circonférence fait environ 33 miles français, et il est entièrement composé de pierre magnétique ».
Une petit lien wikipediesque (en anglais) : http://en.wikipedia.org/wiki/Inventio_Fortunata
J’ai trouvé également ce texte sur la mythologie des pôles (en anglais également) : http://www.eaudrey.com/myth/Places/Mercator%20Article.pdf
L’auteur revient sur Mercator et sa vision du pole nord, « une immense montagne noire, composée d’aimant naturel, source du champ magnétique de la Terre ». Il ajoute également que « les notes de Mercator nous indiquent que les eaux sont dirigées vers la montagne, avec une grande force, et qu’aucun vent ne peut permettre à un navire de remonter ce courant ». D’autres auteurs ont repris cette description à leur compte, considérant cette mer et cette île comme la porte de l’enfer, le tourbillon alimentant, lui, les fontaines du Jardin d’Eden, c’est-à-dire du paradis. Cette île serait donc à la croisée du paradis et de l’enfer.
On apprend aussi dans ce texte que les traditions bouddhiste et hindouiste (dont semble s’inspirer le Dharma de Lost) font elles aussi la part belle aux mythologies des pôles. Pour elles, le centre de la Terre se trouve au nord, sur un « continent » inaccessible et inhabité. Le point central est le Mont Meru ou Sineru, qui représente l’axe du monde autour duquel gravite le paradis. On trouve autour de cette montagne quatre îles, qui représentent chacun des points cardinaux.
Toute cette mythologie, occidentale et orientale, a bien entendu alimenté des œuvres de fictions. Fasciné par les mystère de la carte de Mercator, Edgar Poe a écrit en 1838 « Les Aventures d’Arthur Gordon Pym ». Mais il situe l’action en Antarctique. L’histoire est celle de trois naufragés recueillis par un bateau, la Jane Guy, partie explorer l’Antarctique. Une fois la barrière de glace franchie, le navire atteint la « mer libre ». Les héros se laissent attirer vers le pôle sud par le courant, où ils découvrent d’immenses gouffres - portes d’entrée vers des terres « intérieures » - une île étrange, Tsalal, peuplée d’oiseaux géants et pour finir un funèbre abîme blanc, aux frontières de la vie et de la mort, d’où surgit une immense silhouette de femme. Dans ce roman, il serait notamment question d’un curieux cryptogramme en… hiéroglyphes.
La mythologie des pôles a également inspiré Jules Verne. Son roman, « Le Sphinx Blanc » est la suite des « Aventures d’Arthur Gordon Pym » d’Edgar Poe. Jules Verne avait écrit un autre roman, « Les voyages du Capitaine Hatteras », où un équipage anglais part cette fois à la conquête du Pôle Nord magnétique. La capitaine et ses compagnons découvre la mythique « mer libre » et la fameuse île volcanique où se trouve le Pôle Nord. Hatteras veut planter le drapeau de l’Empire au point exact du Pôle Nord, mais celui-ci se trouve dans le cratère d’un volcan. Alors qu’il s’apprête à plonger dans le magma, il est sauvé par ses camarades d’expédition. Il perd la boule et est interné à son retour en Angleterre, les yeux hagards (un peu comme Leny, le copain d’Hurley. A noter qu’Hatteras est accompagné d’un chien.